L’Amie prodigieuse, Elena Ferrante

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roman  - saga familiale - Naples


publiés de 2014 à 2018 en France, Gallimard 

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Un matin, Lena apprend que son amie d’enfance, Lila, a disparu volontairement et sans laisser aucune trace. Disparaître, se volatiliser, s’évaporer : une idée folle (et pas la première) dont Lila parlait depuis une trentaine d’années. D’accord, elle n’en a toujours fait qu’à sa tête, bouleversant les vies de celles et ceux qui l’entourent... Mais cette fois c’est trop pour son amie, qui décide de riposter : puisque Lila veut l’oubli et la disparition, Lena va lui donner tout l’inverse. Et c’est pourquoi elle commence à fixer méticuleusement sur le papier leur enfance, leur jeunesse.

Comme par magie, la narratrice ressuscite alors le quartier populaire de Naples où elles ont grandi. C’est l’histoire d’une jeune Lila extrêmement brillante, mais aussi habitée par une sombre violence intérieure qui la pousse parfois vers les risques et l’autodestruction, et d’une jeune Lena plutôt douée, désireuse de plaire et très appliquée, mais constamment assaillie par le doute, et de plus, accablée par l’analphabétisme congénital de sa famille…C’est l’histoire de deux filles stimulées dans leurs objectifs par leur amitié autant que leur rivalité : elles veulent quitter le quartier, devenir riche, avoir le pouvoir, être aimées. Mais leurs chemins, leurs choix...seront très différents. Des années plus tard, au moment de raconter, Lena doute encore...d’avoir jamais compris son amie.

L’Amie prodigieuse est une saga de 4 tomes qui fait revivre l’Italie des années 50 et au-delà. Les livres ont été publiés en France entre 2014 et 2018 chez Gallimard. Elena Ferrante est le pseudonyme de l’auteur, qui n’a jamais révélé sa véritable identité. Cette saga serait d’inspiration autobiographique...

J’ai vraiment été aspirée par les deux premiers tome. Mon enthousiasme s’est essoufflé au troisième puis le plaisir est revenu au quatrième. Le premier tome, donc, est fulgurant et je le recommande chaudement. L’auteur ensorcelle le lecteur car il y a une impression de réalité très puissante dans les relations des personnages et leurs sentiments : par exemple j’ai ressenti physiquement la douleur de la très jeune Lena laissée de côté par ceux qu’elle aime. Le fait que cette œuvre soit d’inspiration autobiographique semble à la fois évident à cause de son authenticité et étonnant de précision. Malheureusement j’ai trouvé la saga un peu inégale, le troisième livre par exemple n’est pas à la hauteur du premier. De plus Lena adulte est souvent énervante voir désespérante, ce qui atténue l’envie de poursuivre. Voir une femme s’accrocher désespérément au même pauvre abruti depuis l’adolescence devient plus dur, plus pénible au bout de 1800 pages... Et puis il y a aussi le complexe d’infériorité paranoïaque qui la poursuit jusqu’au bout de sa vie, et qui donne envie de plonger les mains entre les pages pour attraper cette fille et la secouer comme un poirier...

Mais à part ça dans l’ensemble,  j’ai adoré cette saga, qui mérite largement d’être lue. Et un grand bravo à l’auteur(e), quelle que soit sa véritable identité...


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