Marie-Louise, une vie dans l'Indre


Marie-Louise enfant


Montgivray, Indre, 1912

Marie-Louise est l'aînée d'une fratrie de 5 enfants.
Elle naît le 12 août 1912, dans un petit village au cœur de l'Indre, Montgivray.
La commune compte environ 1500 habitants et est située à seulement 3 kilomètres de La Châtre. Une expression locale affirmera plus tard que son château d'eau "pisse rouge" en référence aux communistes, apparemment bien établis sur le secteur.

La maison de Marie-Louise est située au lieu-dit Côte Noire, en sortant du bourg après le cimetière. C'est un endroit paisible, qui n'a pas beaucoup changé en un siècle. L'Indre serpente en face de la petite maison au bord du chemin. Un pont de bois enjambe la rivière pour mener au hameau d'en face, Villevieille.

Le père de Marie-Louise, Jules, est journalier à la carrière de Carcat. Personne ne connaît sa mère, Marie-Lucie, sous son véritable prénom : toute le monde l'appelle Lucie. Elle exécute des travaux de couture à domicile pour les gens des environs et tricote à tour de bras les vêtements de ses enfants. La famille n'est pas riche, c'est pourquoi les cinq enfants commencent à travailler tôt.

Les petits Decreux au complet aux Ormeaux de Nohant, vers 1930
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Les Prinet, branche maternelle de Marie-Louise, vivent à Nohant-Vic depuis au moins un siècle et ont probablement croisé Georges Sand. La famille a réputation d'être bornée. Bien que Marie-Louise, ses sœurs et son frère s'appellent Decreux et non pas Prinet, cette réputation est restée. Quand ils font quelque chose qui déplaît, leur parenté maternelle est incriminée en ces termes : - Ch'ti Prinet !

L'église de Nohant, automne 2017

Du côté paternel, chez les Decreux, on trouve des professions variées. Le père de Jules est vigneron. Son grand-père était sabotier. Son arrière grand-père, adjoint du maire.

Marie-Louise a 2 ans quand son père Jules est mobilisé pour la première guerre mondiale au sein de l'Infanterie. Il est blessé deux fois à l'épaule gauche, par balle en avril 1915, puis par éclat de mortier en septembre 1917. À partir du mois de mai 1918, sa femme Lucie n'a plus de nouvelles. Elle envoie une demande de renseignements. Il semble que le communiqué de réponse annonçant Jules prisonnier des allemands arrive à Côte Noire en décembre 1918. Jules a été rapatrié le 22 novembre, il reçoit probablement la nouvelle de sa détention en Allemagne chez lui en mains propres.

enveloppe et extrait d'une lettre de Lucie à Jules pendant la première guerre mondiale


Marie-Louise a donc retrouvé son père à 6 ans.
Elle commence à travailler à 11 ans comme femme de ménage chez des familles de docteurs ou d'instituteurs. Elle deviendra plus tard une excellente cuisinière. La renommée de son Paris-Brest et de ses confitures de tomates vertes a traversé le temps. Un jour, il paraît qu'elle aurait travaillé lors d'un dîner comptant un certain Giscard.

1930, Marie-Louise et les filles de la paroisse à Lourdes lors du pèlerinage du rosaire.

Marie-Louise un peu plus âgée

C'est à l'église que la jeune femme rencontre son futur mari. Honoré Herault est le fils unique d'un paysan, lui-même issu d'une longue lignée de paysans : aussi loin qu'il est possible de remonter grâce à l'état civil, la profession des Herault varie de laboureur à métayer, en passant par propriétaire. On reste dans le spectre social des cultivateurs, à différents niveaux selon les générations.

Marie-Louise épouse Honoré en février 1936 à la belle église blanche Saint-Germain de La Châtre.



Ils ne savent pas que le conflit mondial qui arrive va les séparer. 

Mais c'est une autre histoire.




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